Mes valeurs professionnelles

Lorsque l’on traite professionnellement avec une personne, quelles que soient les possibles informations collectées sur ce dernier, on ne sait jamais véritablement quels sont les ressorts moraux qui le meuvent. Ils sont le plus souvent déduits par son environnement social et ses expériences, mais ne suffisent pas et induisent, bien trop souvent, des « faux positifs ». Le monde des affaires est un monde dangereux où il est difficile d’avancer le visage découvert : il peut être tentant de paraître plus -ou autre- que ce que l’on est pour « remporter un marché ».

Je pense qu’il est possible de réussir cette épreuve différemment en présentant et assumant ses valeurs cardinales et personnelles. C’est pourquoi, je pense qu’il est important de les expliquer, et c’est ce que je fais ici. Je m’efforcerai de toujours essayer de respecter cette petite charte personnelle (qui sera amendée ou évoluera avec le temps et les expériences).

I. En bref

Faciliter l’expression du génie individuel et de l’esprit critique tout en respectant le groupe

Penser à long terme pour identifier le sens et les conséquences de ses actions

Évoluer et apprendre en permanence pour savoir se remettre en cause et améliorer ses compétences

Agir et expérimenter pour être capable de créer de nouvelles solutions sans jamais faire de surplace

Respecter l’argent en tant qu’outil social, et non comme une finalité personnelle

Favoriser l’indépendance, tout en cultivant la solidarité

Défendre la démocratie, l’éthique et la justice pour un management respectueux de l’individu

II. Explications :

  • Avoir systématiquement conscience de l’existence de biais dans les actions humaines. Chaque époque vit selon ses propres mythes implicites, non écrits, mais qui orientent nos actions et perceptions. A mesure que les échanges se développent entre les communautés, les mythes changent. Ces mythes entraînent des biais et des effets, dont beaucoup se révèlent extrêmement délétères. Aujourd’hui, beaucoup de facteurs environnementaux nous poussent à nous soumettre aux biais d’action et de confirmation, ainsi qu’à l’effet Dunning-Kruger et à la croyance dans un monde juste. Si l’on veut penser éthique, il faut être capable de comprendre que nos valeurs sont très souvent influencés par des facteurs environnementaux.
  • Éviter les enfermements idéologiques. Toute théorie, particulièrement en gestion des organisation humaine, repose sur bien plus de facteurs que ce qui peut être codifié par des règles strictes. Il faut percevoir les différences et personnaliser chaque projet en fonction de l’originalité de son environnement humain et matériel.
  • La valeur de l’argent. Ce qui est facturé en tant qu’entreprise n’est pas abstrait. Ce sont des sommes qui permettent de payer les salariés, de payer du matériel, de mettre en place des projets. Il faut donc facturer non en fonction de ce que j’estime payable par mes clients, mais en fonction de mes besoins réels. Ces besoins sont fixés en tenant compte : des frais de fonctionnement d’Observantiae SARL et de mes besoins réels en matière de salaire, basés sur le salaire médian de mon pays, la France. L’argent est, et a toujours été, un outil au service de l’action entre les êtres humains : je dois m’efforcer de l’utiliser et de le respecter comme tel, ni plus, ni moins.
  • Le sens des actes. Faire en s’efforçant de ne point nuire et exercer mes missions avec diligence et probité, non parce que c’est ce que le client attend, mais parce que c’est juste et profitable à tous. La Protection de la vie privée, à titre d’exemple, est un sujet trop vaste et trop capital pour le limiter à un commerce comme un autre basé sur une surfacturation de livrables sans réelle plus-value pour soi ou pour le client. Lorsque c’est possible, il faut que je m’évertue à aider sans contrepartie et de bonne foi les personnes, entreprises ou associations qui m’entourent.
  • Apprendre et réfléchir constamment. Nous vivons dans un monde d’instabilités permanentes, de remises en cause et de déconstructions rapides de nos valeurs, coutumes, techniques etc. Il est illusoire de vouloir tout savoir ou d’avoir des propos systématiquement pertinents (qui peuvent l’être à l’instant t, mais pas nécessairement à t+1). Il faut apprendre des autres, lire, rechercher avec eux et avouer son ignorance, même lorsque toutes les tentations incitent à « prétendre être », plutôt qu’ « être ». Essayer de faire de son mieux, d’avoir l’angle de vision le plus objectif, mais ne jamais rester interdit en faisant du surplace. Je dois affirmer les idées qui me meuvent, même si elles se révèlent erronées à terme, c’est pourquoi je dois toujours m’efforcer de permettre aux autres et à moi-même de les remettre en question.
  • Devenir meilleur grâce aux autres, et non contre eux. Rendre à chacun son mérite, et prendre personnellement ma responsabilité en cas d’erreur (même grave en terme économique ou terme d’image). Je dois m’efforcer de toujours remercier quand il le faut, d’une part, et de toujours parler, lorsque c’est possible, de manière directe et franche sans passer par des intermédiaires, d’autre part. Il ne doit, autant que possible, jamais y avoir d’approche manichéenne sur les personnes, ou sur les actes.
  • Tester pour soi ce que je recommande aux autres. Autant que c’est possible, ne pas imposer des concepts que je ne comprend pas. Respecter au maximum les valeurs des autres tout comme je souhaite qu’ils respectent les miennes. Je dois, autant que possible, être capable d’expliquer sur quels ressorts logiques ou émotionnels je me base pour justifier cette compréhension.
  • Travailler avec rigueur. L’excellence ne s’atteint jamais vraiment, mais l’on peut travailler dur pour être à son plus haut niveau de spécialité, et être le rouage fiable d’un ensemble plus grand. Je dois m’efforcer d’être, là ou je me rend, la personne la plus adéquate dans ses fonctions. Cela suppose de ne jamais s’arrêter d’apprendre, quitte à s’astreindre à un travail difficile et laborieux. Une tâche acceptée doit, autant que possible, être une tâche menée à son terme. C’est la raison pour laquelle il faut la choisir avec sagesse : mieux vaut, le plus souvent, une action non réalisée qu’une action mal réalisée.
  • Accepter les remises en question. S’efforcer de savoir faire le tri entre la critique de bonne foi et la critique de mauvaise foi. S’efforcer de comprendre le raisonnement et le fond des idées plutôt que la forme au travers de laquelle elles me sont transmises. Maîtriser l’émotionnel sans oublier que ce sont les ressorts émotionnels qui poussent le plus souvent à agir plutôt qu’à contempler les actions des autres. Je dois, autant que possible, appliquer le raisonnement suivant : comme l’argent est un outil dans la société de marché, l’émotionnel est un outil pour se développer soi-même.
  • Ne jamais s’isoler définitivement. La bêtise vient de l’isolement, lorsque l’on se coupe de ceux que l’on pense ne pas être dignes de s’exprimer pour des motifs techniques ou humains. Plus le cercle d’échange est faible, plus le niveau intellectuel baisse. La vérité vient de l’échange, du véritable échange, franc, réfléchi, sincère et envers tou(te)s. C’est ce que je dois m’efforcer de toujours appliquer, même envers les groupes les plus antagonistes.
  • Expérimenter, penser et agir par soi-même. Ce n’est pas parce que personne n’a jamais testé une solution originale qu’il s’agit d’une erreur. Ce n’est pas non plus parce qu’un idée nouvelle semble simple que « quelqu’un a déjà du la mettre en place et échouer ». Le plus souvent, les choses se font parce qu’une personne est allée au bout de son idée, ni plus ni moins. Notre société a besoin d’idées nouvelles, mais surtout de personnes résolues à les mettre en place, même sans toutes les cartes en main. Je ne dois pas éprouver de honte à essayer, même au risque d’échouer.
  • Écouter les idées des autres et les aider à les mettre en place de manière bienveillante, même en cas de désaccord. Imposer le moins possible, mais proposer des contreparties si cela me semble nécessaire. Faire jouer l’intelligence collective autant que possible et éviter au maximum les tentations communautaires, sauf lorsqu’elles se font en transparence avec les autres. Face à l’inconnu, je dois aussi régulièrement que possible partir d’une attitude positive, et non de méfiance, quelles que soient les risques de déception.
  • Être transparent. Aucun être humain ne ressemble d’avantage à un autre être humain. Nous avons tous les mêmes besoins primaires, dans une vie qui a un début et une fin. Nous faisons au mieux avec les cartes que nous avons reçues, qui entraînent chez chacun des biais qui peuvent avoir des conséquences positives ou négatives sur les autres. Il faut donc, autant que possible, avancer loyalement et présenter toutes les cartes de son raisonnement ou de ses actes lorsqu’ils impliquent d’autres personnes. Lorsqu’à titre professionnel, j’effectue une action, je dois être autant que possible capable d’expliquer pourquoi et sur quels ressorts se basent mes réactions.
  • Autant que possible, ne pas se soumettre, ni soumettre d’autres personnes dans un cadre qu’ils n’ont pas eux-même coconstruit avec moi. Cela peut-être par contrat, par charte ou par tout autre type d’échange constructifs et respectueux. Je ne dois pas, chaque fois que c’est possible, accepter passivement, à titre personnel, un état de fait injuste présenté comme « naturel » ni renoncer à l’humanisme quelles que soient les conséquences économiques d’un tel choix.
  • Résister aux attaques. La gentillesse n’est pas une faiblesse, mais au contraire une force. Il n’y a pas de honte à faire appliquer le respect que l’on applique aux autres et à savoir se défendre en cas d’attaque. Autant que possible, cette défense doit se faire par gradation et se régler à l’amiable. Je dois partir du principe que le conflit ouvert est la pire solution et la pire extrémité, celle du dernier recours. La solitude est un risque, mais non une fatalité.
  • Respecter son corps. Le corps et l’esprit sont étroitement imbriqués. Un esprit qui ne respecte pas son corps ralentit et se standardise. Le corps, lui-même, finit par faire payer les inconséquences d’un travail névrosé. Lorsque la Santé et le travail sont en compétition, il faut donc toujours privilégier la Santé. De même, il faut travailler pour soi et le projet pour lequel on est engagé : il n’y a pas de posture, de présentéisme ou d’ostentation à faire lorsque l’on s’est engagé pour une action.
  • Diversifier ses expériences. Le oui doit être le principe, le non l’exception. Lorsque je n’ai pas de raison valable de refuser une proposition, c’est à dire qu’elle ne contrevient pas aux points cités dans ce document ou aux responsabilités liées à mon travail, je dois autant que possible l’accepter. De l’expérience vient la connaissance.
  • Choisir ses valeurs. La société semble mettre en avant des postures, des statuts, des éléments matériels ou autres. Les personnalités les plus standards, et donc prévisibles, sont en général récompensées dans cette logique (lorsque des évènements ‘standards » se produisent). Pourtant, selon les cultures, l’histoire, les coutumes ou autres, ces derniers fluctuent. Cela doit nous pousser à remettre les choses en perspective. Bien qu’il soit souvent plus confortable d’adopter les idées d’un autre, car cela permet de se décharger de toute responsabilité et de ne pas prendre le risque d’un éventuel échec, il est plus noble et cohérent d’être capable choisir par soi-même. La seule limite à ces interprétations personnelles repose, selon moi, sur une base universelle : traiter l’autre comme soi-même, et son environnement comme sa propre maison. C’est également l’une des seules réponses, selon-moi, capables de démontrer une supériorité humaine sur une robotisation qui se base sur l’atteinte d’objectifs standards parfaits.
  • Penser au futur. Je ne crois au déterminisme que dans les limites d’un modèle théorique et non applicable nécessitant de maîtriser toutes les données matérielles de l’univers. Bien qu’il soit utile de penser au déterminisme pour expliquer certaines évolutions du monde, il est illusoire de croire que, de quelque manière que ce soit, le futur soit gravé dans le marbre. Il faut donc contribuer à bâtir l’avenir dans lequel on croit car lui, comme une infinité d’autres, sont réalisables à notre échelle. De même, il faut anticiper au maximum les risques qui découlent de nos actions. On agit trop souvent parce qu’un résultat positif et égoïste se produit dans une échelle de temps court, en négligeant totalement le temps long. Or, l’univers, la nature et l’histoire de l’Homme doivent s’analyser par delà les fenêtres de nos perceptions concrètes.
  • Penser et agir, l’un avec l’autre. Face aux informations parcellaires et fragmentées dont nous disposons, dépendant grandement de nos parcours sociaux ou éducatifs, il est réconfortant de renoncer à réfléchir pour agir ou de réfléchir intensément sans agir. La première posture permet de prétendre être humble, la seconde permet de prétendre en savoir plus que les autres. Dans les deux cas, l’effet principal est l’immobilisme ou le conformisme : les deux ont besoin d’une personne capable d’écouter, penser, agir et d’entraîner les autres dans une action nouvelle. L’être humain complet, pour moi, est capable d’apprendre mais également, parfois, de prendre des risques et de sortir de son étude pour mettre en œuvre sa vision. Il y a trop souvent, dans notre société, une séparation entre ceux qui pensent et ceux qui agissent. Cela nous porte collectivement préjudice. Selon moi, il faut s’efforcer de faire les deux, quitte à n’être ni un penseur complet, ni un homme d’action complet.
  • Respecter les émotions. Une émotion doit être maîtrisée, canalisée, mais ne peut pas être supprimée. C’est pour une bonne raison. Les émotions sont le reflet de notre nature, et il est profondément humain de les ressentir. Il n’y a pas de condamnation à les exprimer, tant que cela se fait en respectant celles des autres. Par la contagion émotionnelle, lorsque l’on est capable d’en maîtriser les effets délétères, on se connecte réellement avec les êtres humains qui nous entourent.
  • Ne jamais perdre de vue l’importance de l’environnement. Quoique l’on fasse dans la vie, que l’on affronte une épreuve ou un succès, il y aura toujours bien plus d’explications liées à la chance et aux facteurs extérieurs que d’explications internes à l’individu. La notion de mérite doit toujours être équilibrée avec le concept de déterminisme. Il faut récompenser le mérite, ou assumer les échecs, mais ne jamais se contenter de désigner un seul et unique responsable de ces derniers.

Pierre LOIR

DPO externalisé certifié AFNOR (référentiel CNIL)

fondateur d’Observantiae SARL et initiateur du Réseau Observantiae

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