Avril 2019 Stratégie

Le RGPD, l’éthique et la stratégie

Très souvent, les entreprises recherchent en premier lieu un moyen de démontrer auprès de leurs clients ou partenaires qu’elles ont été suivies par untel ou untel (d’où l’importance du prestige de la société de Conseil signataire, et du pouvoir de communication des « Big 4 »). La démonstration d’une véritable application intelligente et rigoureuse des normes à transposer en interne importe parfois moins que la notoriété de l’accompagnant.

C’est ce qui peut expliquer, malheureusement, la mauvaise publicité des consultants : un conseil défectueux peut s’accompagner de termes-valises et de renoncements politiques dans l’exercice des missions. Il y a également, dans certains cas, des jeux d’assurances entre la société de conseil et son client. Limiter le plus possible la prise de décision (et donc de responsabilité) est une tentation logique dans le cadre de certaines prestations.

Une société de Conseil, basée sur des accompagnements ponctuels, a besoin, pour survivre économiquement, de récurrence dans ses missions. C’est plus facile lorsque le cabinet dispose d’une solide réputation lui apportant un flot de clients réguliers.

C’est ce qui peut expliquer pourquoi, malheureusement, le Conseil semble si cher (et superficiel) aujourd’hui. Le drame est le suivant : beaucoup d’entreprises de tailles moyennes ou petites ne pensent même plus à l’hypothèse de se faire accompagner, partant du principe que cet accompagnement sera trop onéreux ou trop risqué. Le danger, pour nos sociétés, est cet accroissement des inégalités entre les grandes entreprises, disposant de larges budgets d’accompagnement (et faisant appel à plusieurs cabinets, ce qui leur permet de faire une synthèse empirique mais efficace des évolutions à entreprendre) et les petites entreprises, souvent hors-la-loi et contraintes de tenter de les imiter, parfois par des voies détournées.

In fine, c’est un important gaspillage quotidien généralisé qui porte préjudice à l’ensemble des entreprises (de toutes tailles) tout comme aux objectifs de la norme qu’ils sont tenus de respecter. Cette situation aberrante économiquement nous interroge : comment une telle situation peut exister dans un système qui promeut la rentabilité ?

Les entreprises ont besoin d’institutions généreuses et fortes

Du fait de l’ensemble de ces questions et tentations, il est fondamental que les autorités publiques prennent position en faveur des petites entreprises. Elles doivent, entre autres, créer des systèmes d’évaluation des cabinets de Conseil qui ne soient pas basés sur l’achat d’une certification ou d’une « formation » à prix d’or, mais sur une évaluation gratuite et pertinente de la compétence de ces derniers. Le format du MOOC en ligne démontre que la CNIL a tenté de prendre le sujet sous cet angle. Il est fondamental de poursuivre cet effort dans cette direction et de résister fortement à l’entre-soi.

L’avenir est à l’association, à la mise en commun des expertises, à la mutualisation des ressources, à la franchise, à l’honnêteté et à l’éthique dans les rapports commerciaux et humains. Le risque d’une nouvelle crise économique et sociale se profilant, il est plus qu’urgent de miser sur des systèmes qui perdureront malgré une modification de nos modèles économiques.

C’est ce qu’Observantiae tente d’instituer avec sa Charte collaborative de fonctionnement d’application concrète et son modèle démocratique de mutualisation des expertises : mettre l’accompagnement à la portée du plus grand nombre et refuser un axe de développement qui nous conduirait à rejeter cet idéal. Permettre aux normes éthiques de percer non seulement parce qu’elles sont justes, mais également parce qu’elles sont les plus viables sur le long terme autant économiquement que stratégiquement pour l’entreprise, l’Etat, l’Union Européenne et in fine le Monde.

Vous êtes les bienvenus pour nous rejoindre, même en tant que partenaire indépendant, si vous partagez ces valeurs.

Pierre LOIR

Fondateur d’Observantiae

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